
Les Jeux, c’est encore maintenant [Série 3/3]
Plus de trois mois après l’extinction de la vasque olympique, les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 sont toujours bel et bien présents dans l’esprit de celles et ceux qui en ont été acteurs à titre divers. Rien ne s’est estompé, comme en attestent les témoignages de membres de la Fédération Française Sports pour Tous qui y ont pris part chacun à leur façon.
Séverine Bernard sur les traces de son père
C’est une histoire de famille. En 1968, Henry Bernard n’avait alors que seize ans et avait eu le privilège de brandir, à Salon-de-Provence, la Flamme Olympique des JO d’hiver de Grenoble. Quelques années plus tard, il fut sacré Champion de France du lancer de marteau.
Sa fille Séverine, elle aussi adepte de la discipline au niveau national, est devenue animatrice sportive itinérante de l’Association RuralSport, affiliée à la Fédération Française Sports pour Tous et qu’elle a cofondée notamment avec son époux. Implantée à Chatillon-sur-Seine, en Côte-d’Or, elle a pour raison d’être l’animation régulière de séances d’activités physiques (pilâtes, drumfit et piloxing) dans les villages environnants afin de favoriser la pratique sportive auprès de ce public et de le fidéliser. « Je suis très investie. Nous sommes même en capacité d’accueillir des sourds et des malentendants car je me suis initiée au langage des signes », détaille Séverine Bernard.
Suffisant pour que Guillaume, son mari, la propose pour faire partie des relayeurs de la Flamme Olympique des JO de Paris. Au regard de son implication sans faille, la candidature de sa femme fut retenue, si bien qu’elle défila, flambeau en main, sur deux-cents mètres, le 12 juillet, à Beaune. « Nous avions été briefés en amont. Je n’ai donc eu aucun stress au moment de m’élancer. Je suis très fière d’avoir pu véhiculer les valeurs de la Fédération. Cela reste un souvenir impérissable immortalisé en photos et en vidéo », sourit Séverine Bernard qui a eu une pensée pour son défunt père, décédé en janvier 2023 et qui n’a, malheureusement, pas eu l’immense bonheur de voir sa progéniture marcher sur ses traces.

Relais de la flamme des Jeux Olympiques de Paris 2024, Côte-d’Or
Sports et Loisirs Férollais à l’honneur du paralympisme
Le Club Sports et Loisirs Férollais (SLF), sis à Férolles-Attilly, en Seine-et-Marne, a également eu l’honneur de porter la Flamme, en l’occurrence celle des Jeux Paralympiques. Son dossier a été porté par la Fédération, désireuse de valoriser ses entités qui s’impliquent en faveur des personnes en situation de handicap. Ce qui est le cas du SLF, lequel comporte une section handisport forte de deux disciplines, la gymnastique d’entretien et le basket-fauteuil. En outre, elle œuvre en faveur de l’inclusion de ce public en se rendant dans les établissements scolaires, de l’école primaire au lycée. « Nous nous déplaçons lorsque l’on nous contacte pour effectuer une intervention, détaille Patricia Baudot, animatrice au sein du Club. Celle-ci se décline sous forme d’échanges et de questions-réponses avec les élèves ou encore, de matchs en basket fauteuil que nous organisons. »
Quatre membres de l’Association ont donc été choisis dont Johan Guanzini, tétraplégique à la suite d’un accident et qui a effectué son service civique au siège fédéral avant de passer un CQP ALS. Le 28 août, à Bobigny, le quatuor a été l’un des maillons de la chaîne des porteurs du feu olympique. « C’était extraordinaire et une immense fierté pour ces athlètes. C’est surtout une très belle récompense pour tout le club », insiste Patricia Baudot, toujours aussi émue quatre mois après ce moment unique.

Sport et Loisirs Férollais lors du Relais de la flamme des Jeux Paralympiques de Paris 2024, Bobigny
Solisport Anjou à la solde de l’inclusion sociale
Solisport Anjou est une structure angevine, adhérente à la Fédération et qui promeut l’inclusion sociale via les activités physiques et sportives. Et ce, auprès de gens en situation de précarité économique, isolés socialement, issus de l’immigration (accompagnés par les Centres d’accueil pour demandeurs d’asile – Cada et les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale – CHRS), atteints de pathologies chroniques ou d’addictions. Ceux-ci lui sont orientés par plusieurs associations sociales locales partenaires.
Pour cela, Solisport Anjou s’est vu octroyer neuf créneaux horaires hebdomadaires dans des gymnases mis à disposition par la Ville. « Même si nous avons conscience que ce n’est pas simple, nous essayons d’encourager une pratique régulière en proposant une licence sociale, ne serait-ce, aussi, que pour se prémunir sur le plan assurantiel », précise la trésorière, Mélody Paillat, par ailleurs salariée du Comité Départemental Sports pour Tous du Maine-et-Loire.
Le 4 septembre, Solisport Anjou a emmené soixante personnes à Paris pour assister aux épreuves de para-tir à l’arc, aux Invalides, et d’escrime fauteuil, au Grand Palais. Départ 5 h 00 du matin et retour à 1 h 00 du matin. « C’était une journée dense, sourit Mélody Paillat. Cela faisait dix mois que nous préparions cette opération financée par le Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDJES) 49 et le ministère des Sports. C’était grandiose. Pour certains, c’était d’ailleurs la première fois qu’ils allaient à Paris. Partager en groupe ces moments ainsi que les valeurs de mixité et de lien social a été une très belle expérience sur le plan humain. »

Les membres de Solisport Anjou aux épreuves Paralympiques à Paris
Hervé Jestin, bénévole et volontaire dans l’âme
Pour Hervé Jestin, dirigeant de l’Aikitaido L’Élan, sis au Perray-en-Yvelines (Yvelines) et affilié à la Fédération, le bénévolat est, dixit, « une aventure de quarante ans », entamée dès l’âge de seize ans. Il était donc logique qu’il soit volontaire pour aider au bon déroulement des JOP : « Lors des Jeux Albertville, j’avais vingt ans. Je venais d’être recruté par Renault et il m’était difficile de demander des vacances. A l’époque, je m’étais dit que si les Jeux revenaient en France, cette fois, je ne raterais pas l’occasion. D’ailleurs, là, j’ai pris deux mois de congés. »
La candidature d’Hervé Jestin a été soutenue par la Fédération. Une fois la confirmation de sa sélection et après avoir suivi les formations requises, il a été mobilisé du 19 juillet au 9 septembre à raison de six jours par semaine. Ingénieur informatique dans le secteur de l’automobile, il a été affecté au stade Roland-Garros, théâtre des épreuves de boxe et de tennis valides mais également de tennis fauteuil. Il a d’abord intégré l’équipe informatique avant d’être transféré dans celle en charge de la gestion des volontaires. Avec, au programme, une myriade de tâches toutes aussi précieuses les unes que les autres : accueil des volontaires, gestion des plannings, renfort des équipes en cas d’absence de quelqu’un, supervision du démarrage des applications sur Smartphone et PC, accompagnement des personnes souffrant d’un handicap invisible etc.
Entre deux, le Francilien a tiré le parti de son temps libre pour assister à plusieurs compétitions des JOP. Il est également allé au Club France pour assister aux animations de la Fédération. « J’ai beaucoup apprécié », assure-t-il. Ces Jeux ont été « une parenthèse enchantée au cours de laquelle chacun a donné le meilleur de lui-même, quels que soient son niveau social et son âge, raconte Hervé Jestin. Il n’y avait pas de stress. Nous étions littéralement coupés du monde réel. Les Jeux paralympiques ont été, pour moi, une découverte d’un monde inconnu où chaque instant est une victoire. Sans compter l’accessibilité et les sourires des athlètes. C’était tout simplement magnifique et la plus belle chose que j’ai vécue durant cette période. Il y avait tellement d’humanité et d’émotion pure. C’est un modèle de vie. »
Un moment d’exception qui ne s’est pas estompé, loin s’en faut : « Encore aujourd’hui, des images fortes me reviennent régulièrement à l’esprit. Cela a été une chance de participer à cette fête. J’en garde des souvenirs et des rencontres gravées à jamais. D’ailleurs, je me suis inscrit à la présélection des volontaires pour les JO d’hiver, en 2026, en Italie. »

Hervé Jestin au Club France sur le stand de la Fédération.